Rapport alarmant de Santé Publique France : apparition de 1100 cas de mésothéliome en France, chaque année
Pour l’agence sanitaire, Santé Publique France, « 22 ans après son interdiction, l’amiante très utilisée pour ses performances isolantes et anti-feu reste et restera pendant des décennies encore un sujet majeur de santé publique, de santé au travail et de santé environnementale ».
Le mésothéliome pleural : un enjeu actuel de santé publique
Le mésothéliome pleural est un cancer de la plèvre (membrane entourant les poumons) survenant, principalement après une exposition à l’amiante, apparaissant jusqu’à 30 à 40 ans après l’exposition à l’amiante.
Le Programme National de Surveillance des Mésothéliomes (PNSM) mise en place en 1998, soit un an après l’interdiction de l’usage de l’amiante, montre que les mésothéliomes pleuraux sont toujours plus nombreux.
L’augmentation est plus marquée chez les femmes avec un doublement des cas en 20 ans pour atteindre 310 cas par an.
Le rapport de Santé Publique France, publié le 27 juin 2019, fait état d’importantes disparités géographiques : les régions du Nord, Nord-Ouest ( Hauts de France et Normandie ) et Sud-Est ( Région PACA ) sont les plus touchées.
Chaque année, entre 1600 et 4500 cas de cancer du poumon lui sont aussi imputables.
Une maladie surtout professionnelle
La moitié des hommes malades ont travaillé dans le secteur du BTP.
La réparation navale, la construction de matériel ferroviaire roulant, l’installation d’eau et de gaz sont aussi des secteurs très touchés pour les hommes.
Le rapport estime aussi « qu’environ 60 cas par an de victimes de mésothéliome auraient exercé un emploi dans l’enseignement ».
Il peut s’agir d’amiante présente dans le domicile, l’électroménager, de contact lors de bricolage, de mécanique ou encore de la proximité environnementale (sources industrielles ou naturelles).
Il peut aussi s’agir de fibres d’amiante rapportées sur les vêtements de travail.
Un recours aux dispositifs d’indemnisation toujours insuffisant
Les maladies induites par l’exposition professionnelle à l’amiante sont inscrites aux tableaux N°30 des maladies professionnelles du régime d’assurance maladie des salariés et des exploitants agricoles.
Depuis 2002, toute personne atteinte d’une maladie en lien avec une exposition à l’amiante peut obtenir une indemnisation auprès du Fonds d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante (FIVA).
Pourtant le Programme National de Surveillance des Mésothéliomes montre que le recours à ces dispositifs d’indemnisation est encore insuffisant.
Entre 2005 et 2017, selon le rapport « plus d’une personne sur quatre atteinte de mésothéliome et affiliée au régime général de la sécurité sociale n’avait entrepris aucune démarche de reconnaissance en maladie professionnelle ni n’avait sollicité une indemnisation du FIVA ».
Les autorités sanitaires ne jouent pas leur rôle de prévention
Aujourd’hui encore, l’amiante est omniprésente et en plus les matériaux contenant de l’amiante continue à se dégrader, libérant dans l’atmosphère les fibres tueuses.
Par exemple, un tiers des écoles ne dispose pas de dossier technique, c’est-à-dire que l’on ne sait pas si elle contienne de l’amiante et pourtant elles reçoivent des enfants.
Pour SOS AMIANTE, la situation est grave et elle propose des mesures immédiates :
- Mettre en place un vaste programme de recherche de l’amiante dans les entreprises et dans tous les lieux recevant du public,
- Mettre en place une grande campagne d’information du public sur les risques de contact avec l’amiante dans leur vie quotidienne,
- Mieux informer les professionnels de santé et leurs patients sur les possibilités d’indemnisation,
- En plus de la prévention, des efforts devraient être réalisées dans le domaine de la recherche et du traitement du mésothéliome.
En effet, le pronostic du mésothéliome reste sombre malgré les promesses de l’immunothérapie.